Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
TROP, PROU,

Et plus nostre cœur est ataint
De la blancheur de leur beau taint.

Prou.

Leur parler par bouches vermeilles
Entre souvent à noz aureilles,
Tant qu’elles en sont bien remplies.

Moins.

Voz joyes sont donq acomplies ;
D’ouyr parler doulx comme soye,
Et voir de beaulté la montjoye[1],
Vous debvriez rire comme nous.

Trop.

Tout cela se tourne[2] en courroux
Et remplist le cœur de martyre.

Peu.

Vous n’avez donq cause de rire ?
Aymez vous point chasser, voler,
Jouster, chanter, dancer, baller,
Ou quelques plaisans passetemps ?

Prou.

Cela nous rend plus mal contens,
Car à la fin en douleur tourne,
Et le plaisir si peu séjourne
Que ne sçavons s’il en y a[3].

  1. Éd. : De voir de beaulté la mont joye. — M.
  2. Ms. : treuve. — M.
  3. Éd. : s’il y en ha, ce qui rime moins bien avec alleluya. — M.