Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome IV.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
TROP, PROU,

Moins.

Il n’est que d’estre. C’est bien dict.

Prou.

J’ententz estre en joye & crédict,
Satisfaict de tous ses desirs.

Peu.

Nous sommes jà pleins de plaisirs
Et confessons qu’il n’est rien qu’estre.

Trop.

Estre quoy ?

Moins.

Estre quoy ? A une fenestre,
Regardant le Beau Temps venir,
Vivant du joyeux souvenir
De noz cornes tant amoureuses.

Prou.

Noz oreilles si ennuyeuses
Font nostre estre tant langoureux,
Et sans cesser sommes peneux
De veoir de noz oreilles l’ombre.

Trop.

Puis que noz maulx sont en tel nombre
Que l’on les peult dire inombrables,
Je crains les visions des Diables,
Et[1] les joyes de Paradis
N’empeschent noz ennuyz mauldictz.

  1. Éd. : Car. — M.