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LES ADIEU


Madame Saint-Pather.

« Moy, Saint-Pather, mettray en ce lieu cy
Mon triste Adieu, venant d’un cœur transy
De voir en deux ce qui doit estre en un,
Dont les corps sont uniz d’un cœur commun.
Mais, attendant que Dieu ses créatures
Ayt assemblé, feray des confitures
Des fruitz du lieu où celle qui regrette
L’eslongnement de bon cœur te souhaitte.


La petite Françoise.

« Plus j’ay de toy souvent esté battue,
Plus mon amour s’esforce & s’esvertue
De regrèter ceste main qui me bat,
Car ce mal là m’estoit plaisant esbat.
Or, Adieu donc, la Main dont la rigueur
Je préférois à tout bien & honneur. »


La Royne.

Si ces Adieux font pleurer qui les oyt
Ou qui les list, ou sur papier les voit,
Que feroit l’on si j’y mettois les miens ?
Parquoy vault mieux que je n’escrive riens.
Mais à Celuy auquel sommes unis,
Sans estre plus separez ny bannis,
Vois supplier que tant de bien nous face
Qu’icy & là demourions en sa grace.