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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS

Reyne mesme de Navarre & de l’Amiral de Bonnivet, ainsi que je tiens de ma feue grande-mère, dont pourtant me semble que ladite Reyne n’en devoit céler son nom, puis que l’autre ne peut rien gagner sur sa chasteté & s’en alla en confusion, & qui vouloit divulguer le fait, sans la belle & sage remonstrance que lui fit cette dite Dame d’honneur Madame de Chastillon ; & quiconque l’a leue la trouvera telle, & je crois que M. le Cardinal, son dit mary, qui estoit l’un des mieux disants, sçavants, éloquents, sages & advisez de son temps, luy avoit mis cette science dans le corps pour dire & remonstrer si bien. Ce conte pourroit être un peu scandaleux, à cause de la sainte & religieuse profession de l’autre ; mais, qui le voudra faire, il faut qu’il desguise le nom. Et, si ce trait a esté tenu secret touchant ce mariage, celui de M. le Cardinal de Chastillon dernier n’a pas esté de même ; car il le divulgua & publia luy-mesme assez, sans emprunter de trompette, & est mort marié sans laisser sa grande robbe & bonnet rouge. D’un costé, il s’excusoit sur la religion réformée, qu’il tenoit fermement, &, de l’autre, sur ce qu’il vouloit tenir son rang tousjours & ne le quitter (ce qu’il n’eust fait autrement), & entrer en Conseil, là où entrant il pouvoit beaucoup servir à sa religion & à son party, ainsi que certes il estoit très-capable, très-suffisant & très-grand personnage. Je pense que mon-dit sieur Cardinal du Bellay en a peu faire de mesme ; car, de ce temps-là, il penchoit fort à la religion & doctrine de Luther, ainsi que la Cour de France en estoit un peu abreuvée, car toutes choses nouvelles plaisent, & aussi que ladite doctrine licentioit assez gentiment les personnes, & mesme les ecclésiastiques, au mariage. Or, ne parlons plus de ces gens d’honneur, pour la révérence grande que nous devons à leur Ordre & à leurs saints grades ». Brantôme, éd. Lalanne IX, 678-80.

Page 286, ligne 7. Éd. de 1558 : « Qui estoit de joyeuse vie, qui estoit la meilleure compagnie qu’il estoit possible. » — L.

Page 289, ligne 20. — Il trouva son mirouer sur sa table. On sait la petitesse des anciennes glaces, qui n’ont été longtemps pas plus grandes que des miroirs à main. Celui de Marie de Médicis, qui lui fut offert par la République de Venise & qui est enrichi des camées les plus précieux, est un des honneurs de la galerie d’Apollon au Louvre ; on en sait la petitesse, comme aussi celle des carrés, de la taille de petites vitres, qui, sous Louis XIV, ont été employées pour la Galerie des glaces de Versailles. Avant de devenir de la grandeur d’un panneau, les glaces, quand elles ont grandi, n’ont été d’abord que des cadres suspendus au mur. — M.

Page 289, lignes 24-5. — Chemise dorée. C’est-à-dire agrémentée de