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LA COCHE

Plus que de vous ayez compassion
De mon malheur, qui à la mort me cite.
Celle qui n’ha riens qu’une passion,
Dont la cause est congnue et bien certaine,
O quell’ est près de consolation !
De Si et Non j’ay la teste si pleine,
Que si le pis des deux povois sçavoir,
Je le tiendrois à grace souveraine ;
Mais le suspens surmonte mon povoir.
Comment ? comment ?
Soustenez vous estre plus grand torment
Douter l’Ouy ou Non de vostre Amant
(Dit la seconde),
Que de sçavoir par espreuve et par sonde
Que changement au plus profond abonde
De son faux cœur ?
Estimez vous souspeçon, doute et peur
Comme un sçavoir certain, sans nul erreur ?
C’est cas estrange
Mais moy, qui sçay de mon Amy le change,
Que je t’envoye aussi parfait qu’un Ange,
Que puis je faire ?
Puis qu’il m’a dit, sans point se contrefaire,
Qu’il se vouloit de mon Amour defaire.
Pour la remettre
Du tout en vous, ce que jamais permettre
N’avez voulu, mais bien vous entremettre,