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CROQUIS LAURENTIENS

haute mer, s’ouvre la pêche au homard, plus lucrative et qui absorbe presque toutes les énergies. Le homard se prend au moyen de pièges en bois — de cages — mesurant trois ou quatre pieds de longueur sur un de largeur, immergés en chapelet sur les fonds rocheux. Des bœilles (bouées) indiquent les mouillages et localisent les picaces, ancres grossières formées de pierres plates liées entre des pièces de bois. Aux Îles de la Madeleine, la pêche du homard dure deux mois, et la prime (abondance) a lieu vers le 10 mai ; il se prend durant ce temps des quantités prodigieuses de ces crustacés. Certains pêcheurs, — des Anglais surtout, — qui se livrent exclusivement à cette industrie, capturent jusqu’à 40 000 homards, que les marchands leur achètent au taux modeste de cinq ou six sous la livre ou l’unité — ce qui revient presque au même. La somme réalisée paraît relativement considérable, mais il faut déduire les dépenses assez lourdes occasionnées par les cages, le câble, l’essence, etc.

Les Madelinots qui ne pèchent pas le homard entrent en lice lorsque, vers le 10 mai, arrive dans le voisinage de l’archipel, la morue, le grand bienfait de la mer. On la prend d’abord au moyen de la ligne de fond, et plus tard, vers le 1er  juin, à la ligne de main. La boette de la morue est le coque, mollusque bivalve qu’on lève sur les platiers, (fond de sable), à marée basse, et dont la