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LE HAVRE-AUX-MAISONS

l’autre bout de la prée. Les blessures des deux habitations sont vite pansées avec de la planche d’haricot (pruche) et — l’on sait combien le bonheur est facile à loger — le jeune ménage s’installe dans la minuscule demeure. Voilà comment, quelquefois, au Havre-aux-Maisons, — et ailleurs aussi — s’opère la multiplication des logis, par fissiparité, comme chez les microbes !

Lorsque les marmots commenceront à arriver du pays bleu d’où ils contemplaient, par en-dessus, l’Éden de la Madeleine, lorsque le pêcheur, à force de travail, aura tiré de la mer quelques centaines de piastres, il adjoindra à son tambour un corps de logis plus confortable. L’homme et la femme vieilliront, par les petits. Les enfants grandiront. Et vingt ans plus tard, la suite identique des phénomènes se reproduira avec la précision des gestes appris. Un jeune Madelinot verra son cœur pris dans les filets d’une jeune Madelinote. Un soir, en revenant de la pêche, la main sur le moteur et l’œil lointain, le grand gars, etc., (Voir plus haut). Et c’est pourquoi il y aura toujours des tambours migrateurs au Havre-aux-Maisons !

Je me suis même laissé dire que là-bas, le tambour est considéré comme une sorte de bien meuble au même titre qu’un cheval et qu’un cab-à-rouet ! Des malins prétendent aussi — mais ce sont des gens du Havre, qu’il ne faut pas