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CROQUIS LAURENTIENS

alluviale comme une chaîne de collines détachées, à peu près en ligne droite, et traversant toute la vallée depuis le massif alléghanien jusqu’à l’île de Montréal. Ce sont : le Mont-Royal, le Saint-Bruno, la montagne de Belœil, Rougemont, Sainte-Thérèse, Saint-Pie, Yamaska, et d’autres encore, dont l’ensemble forme ce que les géologues, habituellement moins heureux dans leurs désignations, ont appelé « les Montérégiennes ». Ce nom si bien sonnant mérite de passer de la langue scientifique à la langue littéraire, si tant est qu’il y ait lieu de faire cette distinction.

Bubons volcaniques, bavures éruptives marquant une ligne de faiblesse dans l’écorce de la vieille planète, les Montérégiennes ont résisté mieux que les argilites environnantes à l’inéluctable travail d’érosion qui remodèle sans cesse la face de la terre. Elles s’élèvent maintenant au-dessus de la grande plaine laurentienne, modestes d’altitude, mais dégagées de toutes parts et commandant d’immenses horizons.

Le Mont-Royal et sa nécropole, les petits lacs clairs du Saint-Bruno, les prairies naturelles et les pinières du Rougemont, ont chacun leurs charmes particuliers, mais la montagne de Belœil semble avoir toujours été la favorite des poètes, des artistes, et, en général, des amants de la nature.