Page:Marie Lenéru - La Paix.djvu/27

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Marguerite

Dixmude ! (Les sanglots vont la reprendre. Se domptant.) C’est trop bête à la fin… Ne crois pas que je passe mes journées à pleurer. Ils auraient honte de moi, mes chers enfants, mes soldats…

Perrine

Vous avez fait beaucoup pour eux. Vous en avez beaucoup guéri.

Marguerite

Oui, ceux-là… mais tu sais, ce sont les autres qu’on n’oublie pas.

Perrine, après un temps où toutes les deux se sont recueillies.

Ils étaient si contents de partir… Je me rappelle en allant à la gare, c’était si beau…

Marguerite, sorte de furie.

Beau à ne s’en remettre jamais, beau à vous rendre folle pour la vie… Ceux du village attendaient à la petite porte Gérald et Louis et mon mari… qui partait aussi tout de suite… Ils ne chantaient pas, non, c’était pire, à mi-voix, comme pour eux-mêmes ils murmuraient la Marseillaise