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les forçats du mariage

dre quelques objets qui me font défaut, et je reviens aussitôt. Voyons, es-tu satisfaite ?

— Alors montre-moi cette lettre, insista Marcelle, car j’avais cru reconnaître une écriture de femme.

— Je ne puis te confier, répondit-il avec quelque hésitation, le service qu’il me demande ; c’est un secret qui ne m’appartient pas.

— Je le veux, reprit Marcelle avec l’obstination des enfants gâtés et des femmes jalouses. Le secret de ton ami t’est-il plus cher que ma tranquillité ?

— C’est impossible, madame, répondit Robert avec gravité. Me soupçonner de mensonge, c’est me faire injure.

Puis, changeant de ton :

— Mais, tiens, j’ai une idée charmante. Viens avec moi à Paris ; tu iras voir ta mère, que nous négligeons un peu trop ; et comme tu m’as dit l’autre jour que tu désirais visiter mon intérieur de garçon, nous nous rejoindrons rue Montaigne. Eh bien ! tu n’es pas joyeuse ?

— Si, ah ! si, fit-elle en étouffant un soupir.

Pour dissimuler son embarras, Robert déploya le journal.

— Ces jours passés, fit observer Marcelle, tu ne lisais pas de journaux.

— Tu as raison, et de fait, je n’y tiens guère. Quoi donc pourrait m’intéresser en dehors de toi ?

— Eh bien ! non, lis ton journal, car tu pour-