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les forçats du mariage

— C’est là une erreur, ma chère Marcelle ; et elle vient peut-être de l’idée fausse que les hommes ont conçue de la divinité. Ils ont imaginé un Dieu tyrannique, omnipotent, fantasque, dirigeant l’univers comme avec une baguette ; et puis ils ont donné à ce Dieu des ministres, un état-major. Ont-ils créé Dieu à leur image, ou créé leur gouvernement à l’image de ce Dieu chimérique ? Peu importe. La religion comme la politique sont encore dans l’enfance. Qu’est-ce qui établit la merveilleuse harmonie de l’univers ? Ce sont les lois immuables, indépendantes de toute volonté. Le règne des volontés a fait son temps dans le monde politique comme dans le monde philosophique. Les peuples bientôt n’auront plus de gouvernement, mais des lois seulement pour les régir ; et tous ces monstrueux abus disparaîtront d’eux-mêmes ; et ces tristes marionnettes, qu’on appelle des hommes d’État, descendront de leur piédestal. Encore un peu de lumière, un cataclysme peut-être, et ces prétendus gens sérieux mettront bas leurs masques et leurs oripeaux. Mais en voilà bien long sur ce grave et ennuyeux sujet : aussi, je t’en prie, entre nous, plus de politique. Crois-moi, après l’amour, il n’y a qu’une chose sérieuse dans la vie, c’est le rire.

— Eh bien, pourquoi n’écrirais-tu pas tes idées ? Cela t’occuperait, t’amuserait peut-être ?

— Tu veux maintenant que je me fasse barbouilleur de papier ? Ce serait encore plus comique