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les forçats du mariage

chère mère ; et mon devoir n’est-il pas de tout sup porter, comme tu as tout supporté toi-même ?

— Cependant, s’il te frappait, tu aurais le droit de partir. Or, il y a des souffrances bien plus cruelles.

— Oui, oh ! oui, dit Marcelle. J’ai quelquefois envié le sort de Lucette. Elle est sûre au moins d’être aimée, elle.

— Est-ce donc la destinée de toutes les femmes de souffrir ainsi ? soupira Mme Rabourdet.

— Mais nous avons nos enfants pour nous consoler, n’est-ce pas, mère ?

— Hélas ! quand ils ne nous affligent pas, eux aussi.

— Oh ! laisse-moi cette chère consolation. Quand je pense à ce petit être, mon cœur se gonfle à éclater. Je l’aime déjà de toute mon âme. Nous l’aimerons ensemble. Peut-être alors penserai-je un peu moins à Robert.

Et ces deux pauvres martyres s’embrassèrent en pleurant.

En ce moment un domestique entra, apportant un bouquet de camélias blancs et de violettes de Parme. Au milieu Marcelle vit un papier plié en corne. Elle lut :

31 janvier.
sainte marcelle

À ma femme bien-aimée.

Robert de Luz.