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les forçats du mariage

Robert. M. Rabourdet, je crois, vous avancerait les fonds.

— Quel est votre avis, Juliette ? demanda Étienne. Ne vous paraît-il pas imprudent d’entrer en ménage avec des dettes ?

— Oui, répondit-elle sèchement.

Elle dit à Robert en le quittant :

— À demain soir.

À travers la frange veloutée de ses cils noirs, elle lui jeta, comme un trait acéré, ce même regard qui l’avait déjà tant troublé.

Quelques heures auparavant, après être passé chez le fleuriste et le bijoutier, il était allé, morne, accablé d’ennui, frapper à la porte de la princesse Ircoff, espérant une heure de distraction dans les souvenirs d’un amour éteint. Il n’avait trouvé personne, et il était revenu, maussade comme le temps gris, reprendre sa chaîne conjugale, en pensant peut-être à Nana.

C’était Juliette qu’il avait rencontrée. Maintenant, il ne s’ennuyait plus.

XVII


Juliette, rentrée chez elle, resta grave et silencieuse, ne répondant à Étienne que par d’impatients monosyllabes.

— Qu’as-tu donc, ma chère Juliette ?