Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
les forçats du mariage

Il eût pardonné toutes les injures, excepté celle* là. Il se regardait non-seulement comme un grand homme, mais avant tout comme un homme fort, résumant en lui la toute-puissance masculine.

En ce moment, Marcelle entra, attirée par le bruit de cette altercation.

Comme elle était changée, la pauvre Marcelle ! Elle avait maigri ; son sourire triste dessinait autour des lèvres pâlies un pli navrant. Ses yeux, fatigués par les larmes, avaient perdu cet éclat de jeunesse que donne le bonheur. Sa taille, autrefois languissante, s’était ployée davantage. On lisait tout un drame douloureux dans ce front penché et mélancolique.

— Voyons, Marcelle, interrogea M. Rabourdet, ta mère me reproche de t’avoir sacrifiée en te mariant au comte de Luz. Es-tu heureuse, oui ou non ?

— Je suis heureuse, père, répondit-elle avec un soupir.

— Alors, tu ne regrettes pas de l’avoir épousé ?

— Je ne regrette rien, puisque je l’aime. Cependant, parfois, je le voudrais si laid, si maussade, que personne n’eût envie de me le prendre, dit-elle avec un sourire forcé qui lui fit monter les larmes aux yeux.

— Ta mère m’apprend que tu as signé déjà plusieurs procurations.

— Oui, plusieurs papiers d’affaires.