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les forçats du mariage

Soit qu’il n’entendit pas, soit qu’il ne voulût pas entendre :

— Une coquette, répliqua-t-il, est une femme d’esprit qui veut profiter des prérogatives de l’amour sans en courir les risques.

— Et vous ne la condamnez pas comme un être dangereux et pervers ?

— Pourquoi réprouverais-je la coquetterie ? À supposer qu’une femme ne nous ait fait connaître de l’amour que les prémices, c’est-à-dire ces premiers riens qui sont tout poésie, tout bonheur, loin de lui en vouloir, ne lui devons-nous pas, au contraire, une reconnaissance infinie ? Ne nous a-t-elle pas donné les émotions les plus pures et les plus vraies ? Enfin j’avoue, moi, je parle du passé, bien entendu, n’avoir jamais été aussi complètement ensorcelé que par de beaux yeux qui se moquaient de moi.

— Ah ! pensa Juliette, je ne suis pas coquette, et voilà pourquoi il ne m’aime plus. Mais me le dire en face !…

Elle était hors d’elle-même.

— Monsieur de Luz, dit-elle à haute voix, veuillez m’offrir votre bras, j’ai une communication importante à vous faire.

En prononçant ces mots, elle essaya de sourire ; mais on sentait la colère vibrer dans sa voix.

Étienne tenait à la main une tasse à thé qui tomba et se brisa.