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les forçats du mariage

Elle cherchait à lui prendre la main.

— Va-t’en, va-t’en. J’ai peur de moi.

En effet, il était livide, effrayant. Sa lèvre frémissait, sa prunelle était pâle, son visage, horriblement contracté.

— Tu es la plus vile, la plus misérable des femmes ! s’écria-t-il enfin

Juliette voulut payer d’audace.

— Expliquez-vous, monsieur, dit-elle fièrement.

— Oui, reprit-il terrible, cette paternité que vous m’annoncez, que je souhaitais comme une joie suprême, cette paternité empoisonne à jamais ma vie. Une femme comme vous, on devrait la punir des galères.

— Est-ce que vous êtes fou ? riposta Juliette avec le même ton de hauteur.

— Mais cet enfant ne m’appartient pas, malheureuse !

Il cacha sa tête dans ses mains.

— Oui, je suis fou. Mon Dieu ! mon Dieu ! ayez pitié de moi ; car ma tête éclate.

Et cet homme, si maître de lui, sanglota.

— Avant de m’accabler ainsi, veuillez au moins me dire quelles preuves vous avez contre moi, afin que je puisse me défendre.

— Des preuves ! Elle ose me demander des preuves ! En me souvenant du passé, j’en ai vingt, j’en ai cent. J’étais aveugle, j’avais confiance, car je vous aimais. Ah ! comme vous avez dû rire avec