Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
les forçats du mariage

fou et surtout malheureux. Je vous donnerai cette lettre. J’espère qu’elle vous fera rougir de vos insultes et de vos brutalités.

Elle l’alla prendre dans la robe qu’elle portait la veille.

Étienne la parcourut avidement.

Hélas ! il ne demandait qu’à croire, qu’à aimer encore.

En effet, cette lettre ne contenait pas un mot compromettant. Cette lettre, qui avait fait naître ses doutes, les fit évanouir. Une subite réaction s’opéra. Il se jeta aux genoux de sa femme, lui baisa les pieds avec respect, lui demanda pardon en pleurant.

Juliette voulut profiter de cette crise, et l’abuser entièrement. Pour apaiser les dernières vibrations de cette immense douleur, pour fermer cette blessure encore palpitante, elle eut des mots charmants, d’exquises tendresses.

Elle lui prenait la tête entre ses petites mains blanches, et l’appuyant contre sa poitrine,

— Écoute mon cœur, disait-elle d’un ton de reproche attendri, ne sens-tu pas qu’il est tout à toi, à toi seul, que ma vie entière t’appartient ? Tu me juges donc bien menteuse et bien fausse ? Crois-tu que si je te trompais, je pourrais te presser ainsi dans mes bras ? Te tromper ! toi qui es si bon et qui m’aimes tant ! Ce serait plus qu’un crime, ce serait une monstruosité. Et tu m’en as crue capable, moi,