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les forçats du mariage

— Votre confesseur habite donc le numéro 7 de la rue Servandoni ?

Juliette devint fort pâle ; mais, surmontant son trouble :

— Vous m’avez vue sortir de cette maison, dit-elle avec un sourire dédaigneux. J’y étais allée en effet visiter une famille indigente, que venait de me recommander mon directeur.

— Cette famille se nomme ?

Elle hésita. Aucun nom ne lui venait à l’esprit.

— Eh bien ! je vais vous l’apprendre, moi, dit-il : vous allez porter des secours à un M. Jacques Mennesson qui se paye un mobilier de 19,500 fr.

Et il lui jeta à la figure la facture du tapissier.

Juliette le regardait avec des yeux agrandis par la peur. Ses genoux tremblaient. Elle voulut balbutier une dénégation ; mais les paroles ne pouvaient sortir de son gosier serré. Elle devinait qu’il savait tout.

Elle se laissa tomber à genoux.

— Pardon, grâce, pardon, ne me tuez pas.

Étienne la regardait, inflexible, haineux.

Juliette, muette de terreur, restait dans son attitude suppliante.

— Je ne vous tuerai pas, répondit-il enfin ; car Je ne vous aime plus, Dieu merci ! Je vous méprise trop. Mais vous quitterez cette maison à l’instant même, entendez-vous ? Vous irez chez votre grand’mère. Il ne faut plus que je vous voie. J’ai promis