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tractait un emprunt, dont elle ne s’apercevrait pas.

Il ouvrit la cassette, enleva une rivière de diamants et une couronne de comtesse du prix de 100,000 francs.

Il n’offrit pas à sa maîtresse les bijoux de sa femme ; mais il les engagea pour la somme de 50,000 francs. Il paya 30,000 francs les pendants d’oreilles, semblables à la broche de Toto ; et, avec les 20,000 francs restants, il partit pour Bade.

Deux jours après, il écrivait à Marcelle :

» Ma chère femme,

» C’est à peine si j’ose encore vous donner ce nom.

» C’est moi qui ai volé vos diamants ; n’en accusez personne. Je dis volé, car je ne me crois aucunement le droit de disposer de vos bijoux, pas plus que de votre fortune. Si je me suis emparé de votre bien, ce n’était donc point que je prétendisse user du droit injuste que m’accorde la loi ; non, j’y ai été poussé par des entraînements plus forts que mon raisonnement, je dirai presque que ma volonté.

» Mais peut-être, dans votre infinie mansuétude, trouverez-vous que cette faiblesse de caractère mérite votre pitié.

» Quoi qu’il en soit, j’expie durement mes fautes. J’avais à payer une dette de jeu, une dette d’honneur. Pour me sauver, il ne me restait qu’une res-