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les forçats du mariage

Il était redevenu le beau, le majestueux, le sémillant Rabourdet des meilleurs jours.

En voyant M. Moriceau, il tressaillit. Cependant, il lui tendit la main ; mais Étienne ne la prit point.

Je voudrais vous entretenir seul un moment, dit Étienne.

M. Rabourdet sentit une sueur froide le couvrir tout entier.

Il le conduisit dans son cabinet.

Étienne commença ainsi :

— Je viens, monsieur, régler votre compte avec Mme Moriceau.

Les jambes de M. Rabourdet tremblèrent si fort qu’il s’appuya à la cheminée.

— Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, répondit-il.

— Inutile de jouer l’étonnement, monsieur, je connais vos relations avec Mme Moriceau.

M. Rabourdet nia avec d’autant plus d’assurance qu’il n’était pas encore l’amant heureux de Juliette. Il avait seulement des espérances, qu’il regardait déjà comme des réalités.

— Ce n’est point là la question que je viens vous adresser. Je sais bien que, fussiez-vous l’amant de ma femme, vous ne l’avoueriez pas. Voici ce que j’ai appris d’une manière très-positive : vous lui louez un appartement qu’elle n’a pas le moyen de payer ; car cet appartement et son train de maison représentent au moins quarante mille, francs de