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les forçats du mariage

pentant, suppliant presque, ce beau comte si séduisant, tant vanté… Elle éprouvait tout à la fois une ivresse de cœur et une ivresse d’amour-propre. Il eût pu accuser les plus grands crimes, elle eût tout pardonné.

Attachant sur lui un regard pénétrant, perplexe :

— M’aimez-vous ? dit-elle.

— Je vous adore.

En cet instant, il disait vrai.

Alors Marcelle se rapprocha de Robert.

— Je vous confie, murmura-t-elle doucement, ma vie entière, mon bonheur et mon honneur aussi. Faites-en ce que vous voudrez, ils sont votre chose, votre bien.

— Merci, ah ! merci, mon amie adorée.

— Votre femme.

— Oui, ma bien-aimée femme.

Et il la pressa tendrement, respectueusement dans ses bras, effleurant à peine de ses lèvres la blonde chevelure de la jeune fille.

Marcelle éprouva un bonheur si profond, qu’elle ferma les yeux. Il lui sembla qu’elle planait dans l’infini.

Robert éprouvait, lui aussi, un sentiment qu’il n’avait jamais connu, la passion chaste. Le mariage, qui avait été jusqu’alors le point de mire de ses intarissables satires, lui apparut tout à coup comme une institution auguste, morale, sainte même. Il comprit, ce ne fut qu’un éclair sans