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III

FABLES DE MARIE DE COMPIÈGNE

Ce qui a fait la réputation de Marie de Compiègne jusqu’à l’époque assez récente où la plus grande partie de ses Lais ont été retrouvés, ce sont ses fables ou son livre intitulé : Le dit d’Ysopet (petit Ésope). Quand le célèbre fabuliste grec Ésope, qui vivait au 6e siècle avant Jésus-Christ, eut, non pas, comme on l’a cru, inventé l’apologue, (car il est de tous les temps, et les Indiens en ont qui datent de 1500 ans et plus avant J.-C.), mais imaginé un certain nombre de fables nouvelles, et popularisé l’apologue en Grèce, tous ceux qui écrivirent des fables s’intitulèrent écrivains de fables ésopiques. En réalité, Ésope lui-même n’a jamais rien écrit, et le recueil de fables que nous avons sous son nom et qui est rédigé en prose grecque de l’époque classique, est l’œuvre d’un moine grec du quatorzième siècle, nommé Planude. Phèdre lui-même, le grand fabuliste latin, ne se donne pas comme original, il se met sous la protection d’Ésope et ne se donne que comme rédacteur de ses fables, quoique un certain nombre soient assurément de son invention. Les fables de Phèdre eurent un si grand succès qu’on en fit des transcriptions en prose plus ou moins exactes, en se contentant parfois de défaire les vers pour donner à la phrase une allure plus libre, ou peut-être pour déguiser le plagiat. Une des plus connues est celle qui porte le nom de Romulus et qu’on a attribuée sans aucune vraisemblance à Romulus Augustule, le dernier empereur d’Occident[1] . L’auteur de cette rédac-

  1. Schwabe (Édition de Phèdre. Préface), croit que ce n’est pas un pseudonyme, mais ne sait rien du personnage. Vincent de Beauvais croyait que Romulus avait traduit Ésope ; la comparaison avec Phèdre prouve que l’auteur de cette rédaction n’a fait souvent que retourner les vers du fabuliste latin.