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Jamais celui qui n’a pas chéri les femmes n’a bien aimé personne ;
Leurs vertus et leurs grâces excitent l’admiration
Car on peut les reprendre et les conseiller
Comme on pourrait épuiser la mer à l’aide d’un tamis.


    D’autre part, M. Gachet, (Glossaire roman des Chroniques de Godefroy de Bouillon), cite un certain nombre de mots comme abaptisier, atroter où, dit-il, on a vu à tort le préfixe a (comme le veut M. Littré pour assavoir) ; dans tous ces exemples, le sens se rapproche de celui de à dans faire à savoir. Le plus souvent à vient après une autre préposition, dont il est séparé par un pronom personnel (Pour vous a baptisier). Gachet rapproche le flamand te après am (am u te doopen), et l’allemand zu après um (um…. zu haben = pour avoir). Je crois donc devoir maintenir la leçon font et je traduis en conséquence. Ailleurs les mss. portent sont, mais dans des cas un peu différents.

    iii. c. — Castoier. B : chastoier. C D : chastier.

    iii. d. — C : Que l’en porroit la mer d’un pennier espuisier. D  : Com on porroit la mer a un crible espuisier.

    En et an sont des formes régulières de on, pris comme. pronom indéfini et ne s’emploient jamais pour hom, nominatif sing. du substantif.

    iii. 1. N’ot chier = n’eut cher (ne chérit). Cher est pris adverbialement. Nous ne l’employons plus aujourd’hui avec le verbe avoir, mais seulement avec vendre, acheter, et quelques autres, et dans un sens restreint.

    iii. 2. Lor, dans A B C, leur, dans D, sont des formes régulières du lat. illorum, qui sont invariables, parce qu’elles n’ont pas encore subi la transformation en adjectifs possessifs.

    iii. 3. Puet. Ce ms., et en général tous ceux de la même époque, écrivent toujours ainsi la diphtongue eu. Il est très-probable que la prononciation de ue ne différait pas de celle de eu, En effet, au xive siècle, on trouve également cuer et cueur, et aussi coer (dans Bauduin de Sebourg). Coer est une transition pour arriver à la forme cœur, qui se montre déjà au xve siècle, sans cependant exclure complètement cueur, que l’on rencontre encore dans Amyot.

    iii.3 — Castoier, forme picarde du verbe chastoier, chastier (.auj. châtier), de castigare. (Cf. mss. B C D). Les formes chastoier et chastier sont parallèles. Cf. charroyer et charrier. Ce mot a eu accessoirement le sens de réprimander, et même de conseiller, comme ici. On connaît l’intéressant fableau intitulé : Le castoiement d’un père à son fils. Au rebours de castoier, où le c dur se conserve en picard, tandis qu’il est changé en ch dans le français, nous avons vu (I. d.) cho pour ço, et nous allons voir (IV. d.) cha pour ça. Le picard sauf deux ou trois mots qui font exception, met partout c dur à la place de ch français, et réciproquement, il remplace le c paletal (c doux devant e et i, ou ç devant a, o, u) par ch. comme dans les exemples déjà cités, et dans d’autres que nous rencontrerons plus loin

    iii. 4 — Espusier = épuiser, de exputeare, bas-latin, formé de ex et puteus, = tirer de l’eau du puits jusqu’à épuisement. Cf. énerver éreinter, etc., où la préposition e (ex) a ce sens-là.