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Que celui qui trouve dans une femme ou discrétion ou bien
Sache bien sans (aucun) doute que ce n’est pas du tout du sien
(dans sa nature) :
Mais si elle se montre sage, humble et de doux maintien,
Elle veut dire discrètement (ou d’une manière habile?) « Bel ami, reviens à moi. (litt,: viens ça, ici.) »
Voyez comme un homme peut être à son aise, en sûreté et joyeux,
Quand une femme prend souci de lui, et qu’elle le conseille
Elle semble humble comme une brebis mais elle est hardie comme
un lion.
On devrait bien l’appeler Fausifie (fou s’y fie).
Comment un homme dont une femme prend souci pourrait-il
souffrir quelque malaise ?
C’est une médecine qui soulage tous les maux.
Avec elle, on a autant de sûreté et d’aise
Qu’une poignée d’étoupes dans une fournaise ardente.

[1]

  1. v. c. — B : Humble comme coulon (= colombe. Cf. Chanson d’Antioche II, 816. Ensement com li faus vole apres le coulon). C : Humble comme brebis ; B et C : come lyon hardie, à la fin du vers. v. d. — B : J’ai a non faus s’y fie, et C : J’ai a nom fol s’y fie. Ces deux leçons, en décomposant le mot, en donnent la signification. Faus est une forme assez rare, même au xiiie siècle. Cependant on rencontre dans le roman de Blonde et Jehan, par Philippe de Rheims, ces vers qu’on peut rapprocher de notre texte :

    Com maintes femmes par le mont (le monde)
    Qui coraiges remuans ont… .
    Tels femmes ont non Faus s’y fie.

    Au moyen-âge, ces noms allégoriques étaient fort à la mode, surtout dans les mystères.

    v. 3. — Humle. Forme intermédiaire entre le latin humilis, et le français humble, avant l’insertion du b euphonique (Cf. A. xv. b. et viii c.)

    vi. a. — C : Hom que fame a en cuer. Jubinal corrige à tort, peut-être par erreur de lecture : Hom qui fame a en cuer (qui aime une femme). — Cette leçon est évidemment plus moderne que celle de A. La leçon de B n’est pas la même que celle de A. Elle a qui et non que. Il faudrait alors traduire : L’homme qui a souci d’une femme, ou peut-être : L’homme qui a une femme pour se guérir, en donnant à cure le sens de guérison qui se trouve déjà dans le Roman de la Rose, v. 4415: De l’autre amor dirai la cure. Mais l’autre sens nous semble préférable.

    D nous donne (v. a.) Homs qui se fie en feme, hémistiche que nous avons déjà rencontré (v. b.) dans le ms B. Il y a là, comme on voit, une confusion dans la mémoire du scribe, s’il écrivait de mémoire, ou un bourdon ; mais ceci est moins probable. La comparaison des quatre mss. donne-