Jehan des Entomeures, de joyeuse mémoire. D’ailleurs le ms. B étant de la première moitié du {sc{|xiv}}e siècle, les dates s’accordent, et la rédaction du fableau pourrait être sans restriction attribuée à Jehan Durpain, si nous n’avions un ms. antérieur, le ms. A, qui ne porte nullement les 2 couplets ci-dessus, pas plus que les deux premières strophes des mss. C, D, lesquelles doivent aussi entrer en discussion. Le ms. A appartient en effet aux dernières années du{sc{|xiii}}e siècle, comme l’a démontré M. P. Meyer, dans la notice qu’il lui a consacrée, par l’examen de plusieurs de ses pièces. D’ailleurs, par l’écriture et par la langue, ce ms. ne saurait être attribué à la seconde partie du {sc{|xiv}}e siècle, ce qui serait nécessaire pour que le fableau L’Évangile aux femmes pût être attribué à Jehan Durpain, dans sa rédaction primitive : en réalité il date de 1295 ou 1296. Il faut donc admettre qu’il a existé une rédaction de notre poème, antérieurement à la naissance de Durpain, que l’on croit né en 1302. Montrons maintenant que de fortes raisons inclinent à croire que Marie de Compiègne est l’auteur de la rédaction première.
Le ms. C commence par les deux couplets suivants, qui ne se rencontrent pas dans AB, mais que l’on retrouve dans D (le ms. de Dijon).
Moult grand prouffit y a qui le veult escouter.
Cent jours de hors pardon s’y porroit conquester ;
Marie de Compiegne le conquist oultremer.
L’euvangille des femmes si est et bonne et digne ;
Femme ne pense mal ne nonne, ne béguine ;
Ne que fait le renart qui happe la geline,
Si com le raconte Marie de Compigne.
Et les trois couplets qui suivent ceux-ci correspondent aux trois premiers des mss. A et B. On a voulu voir là des couplets appartenant à la rédaction originale ; mais le couplet qui indique Jehan Durpain comme l’auteur du poème, et qu’on trouve