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SUR MARIE.

d’après cet aveu, il est hors de doute que ses écrits ne peuvent pas avoir été faits en France. Lorsqu’elle se trouve embarrassée soit par une expression, soit par la quantité, elle emploie des mots anglois pour remplir son idée ou la mesure de son vers[1].

Il sera démontré qu’elle écrivoit plus particulièrement pour les Anglois ; car ses poësies contiennent souvent des expressions qui appartiennent essentiellement à leur langue, et nullement à la romane françoise.

Marie a donc dédié ses Lais à un roi qui savoit l’anglois ; elle a même pris soin de traduire dans cette langue tous les noms propres armoricains ou gallois qu’elle a été obligée d’y introduire. Par exemple, dans le Lai de Bisclavaret, elle rapporte que les Anglois traduisent ce nom par celui de Garwaf ou Garwall[2], que le Lai du Chèvre-Feuille est nommé Gotelef[3], et que celui de Laustic est appelé Nightgale, etc.[4], ce qui

  1. Voyez le Lai du Fresne, vers 198.
  2. We’rewolf, homme-loup, loup-garou, homme qui a le pouvoir de se transformer en loup.
  3. Goatleaf, bouc et feuille, pour chèvre-feuille.
  4. Night’ingale, rossignol ou oiseau chanteur.