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SUR MARIE.

s’étoit acquise par ses Lais, a sans doute engagé le fils d’Henri II à la solliciter pour traduire une collection de fables qui, dit-elle, existoit alors en anglois. Marie ne pouvoit être arrêtée par la crainte de ne pas réussir dans cette espèce d’apologue, après avoir décrit avec tant de fidélité et de naturel les mœurs de son siècle.

Elle avoit cette pénétration qui fait distinguer au premier aperçu les différentes passions de l’homme, saisir les diverses formes qu’elles prennent et qui, en remarquant les objets qui attirent leur attention, fait découvrir à l’instant même les moyens qu’elles emploient pour y parvenir. Tous ces avantages ont été développés dans les premières productions de Marie, et on les retrouve encore dans ses autres écrits.

Ses fables, composées avec cet esprit qui pénètre les secrets du cœur humain, se font remarquer sur-tout par une raison supérieure, un esprit simple et naïf dans le récit, par une justesse fine et délicate dans la morale et les réflexions. Car la simplicité du ton n’exclut point la finesse de la pensée ; elle n’exclut que l’afféterie. On y retrouve cette