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LAI D’ELIDUC.

chevaliers. Le roi remercie Eliduc et lui accorde le congé qu’il réclame. Il lui offre de prendre dans son palais, l’or, l’argent, les chiens, les chevaux, les étoffes précieuses, qui pourront lui convenir. Eliduc prit ce dont il avoit besoin, puis sollicita du roi la permission de prendre congé de la belle Guillardon, ce qui lui fut accordé. Il envoie devant lui un damoisel qui lui ouvre les portes de l’appartement. Après les premières salutations, Eliduc raconte son dessein à sa belle et sollicite ses conseils. À peine commençoit-il son discours, que Guillardon perd l’usage de ses sens. Le chevalier désolé de voir sa maîtresse dans cet état, l’embrasse souvent et pleure de tendresse ; il la soutient, la presse entre ses bras et à force de soins, elle reprend connoissance. Chère amie, permettez-moi donc de vous assurer que vous êtes ma vie, ma mort, et qu’en vous est toute mon espérance. Je suis venu prendre vos conseils par l’amitié qui existe entre nous. C’est par besoin que je retourne dans ma patrie et que j’ai déjà pris congé de votre père, mais je veux faire votre vo-