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NOTICE

part[1], en s’adressant à Loup, comte de Champagne : « que la lyre des Grecs et des Romains, que la harpe des Barbares et la rote[2] des Bretons, célèbrent à l’envi votre valeur et votre justice. »

Cet usage se conserva dans le moyen âge ; il explique la raison pour laquelle Marie dit dans quelques-uns de ses Lais qu’ils se chantoient accompagnés de la harpe et de la vièle[3]. Dans les romans de la Table-Ronde, composés d’après les traditions bretonnes[4],

  1. Romanusque Lyrâ, plaudat tibi Barbarus harpâ,
    Græcus Achillianâ, Chrotta Britanna canat.

    Fortunat., lib. VII, p. 170.
  2. La Vièle : voy. Du Cange, au mot Rocta ; Le Grand d’Aussy, Fabliaux, in-8o, t. I, p. 50 et 304 ; État de la Poësie françoise dans les XIIe et XIIIe siècles, p. 107.
  3. Lais de Gugemer à la fin ; de Graelant, à la fin, etc. Voyez Le Grand d’Aussy, Fabliaux, t. I, p. 106. La plus grande preuve que les Lais devoient être chantés, se trouve dans le ms. 7989, où le Lai de Graelant est transcrit de manière à être noté au premier vers de la pièce, et à tous ceux qui commencent un alinéa. Il est à regretter que les portées, tracées en encre rouge, n’aient pas été notées comme on le voit dans le jeu d’Aucassin et Nicolette, qui fait partie du même manuscrit.
  4. État de la Poésie françoise, p. 142 ; Recherches sur les ouvrages des Bardes armoricains. passim.