Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/155

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LAI DU FRÊNE.[1]

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Je rapporterai le Lai du Frêne, d’après le récit qui m’en a été fait.

Il existoit jadis dans la Bretagne, deux seigneurs qui étoient si proches voisins que leurs biens se touchoient. À-la-fois vaillants chevaliers et hommes riches, tous deux étoient mariés, et leur habitation n’étoit pas éloignée de la ville. L’une des dames devint enceinte, et au bout du terme, elle accoucha de deux enfants. Le mari, charmé de cet événement, s’empressa de le mander à son voisin ; il lui envoie un messager pour lui faire part que sa femme étoit accouchée de deux enfants mâles, et pour le prier d’être parrain de l’un de ses fils. Le messager arrive chez l’ami pendant qu’on étoit à table, il s’agenouille et remet sa dépêche.

  1. Ritson loc. citat. tom. III pag. 330, annonce qu’une seconde copie de ce lai se trouve parmi les manuscrits de la bibliothèque d’Edimburgh.