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LAI D’ELIDUC.

côtés. Oh ! comme d’amour ils sont épris ! La princesse n’ose commencer la conversation, le chevalier redoute de parler. Cependant il remercie Guillardon du présent qu’elle daigna lui envoyer ; il l’assure n’avoir jamais reçu rien de plus précieux. La princesse répond qu’elle avoit été flattée de ce qu’il eût fait usage de la bague et de la ceinture. Je vous aime si passionnément, que je veux vous prendre pour époux ; et si je ne puis vous avoir, je ne me marierai jamais. Madame, je ne saurois assez vous exprimer ma reconnoissance pour l’amour que vous m’accordez, et j’éprouve la plus grande satisfaction en apprenant que vous m’estimez. Mais j’ignore si je resterai long-temps dans vos états, puisque j’ai seulement promis à votre père de le servir pendant un an. Au surplus je ne le quitterai que lorsque la guerre sera entièrement terminée, puis je m’en irai dans mon pays, si cependant vous m’en accordez la permission. La pucelle lui répondit : je vois, mon ami, que vous êtes sage et courtois, je pense que vous avez songé à tout ; vous êtes incapable de me