Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
PROLOGUE.

sacré leur temps à cette étude, s’attachent à commenter et à expliquer ce qui pourroit paroître diffus. Les philosophes savent se garantir de faire ce qui est mal, et ceux qui desirent marcher sur leurs traces, doivent étudier et s’instruire, se donner de la peine pour en recueillir le fruit. D’après les exemples qui viennent d’être rapportés, j’avois eu d’abord l’intention de traduire quelque bonne histoire du latin en françois ; mais je m’aperçus bientôt que beaucoup d’autres écrivains avoient entrepris un semblable travail, et que le mien offriroit un foible intérêt. C’est alors que je me déterminai à mettre en vers d’anciens Lais que j’avois entendu raconter. Je savois, à n’en pouvoir douter, que nos aïeux les avoient écrits ou composés pour garder le souvenir des aventures qui s’étoient passées de leur temps. J’en ai entendu réciter plusieurs, que je ne veux pas laisser perdre ; c’est pour cela que j’ai entrepris de les mettre en vers, travail qui m’a coûté bien des veilles.

C’est par vos ordres, noble Prince[1],

  1. Henri III, roi d’Angleterre. Voyez la Notice sur la vie de Marie, p. 12.