Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
LAI DE GUGEMER.

l’idole de leurs parents. Quand Oridial vit son fils en âge, il l’envoya auprès d’Arthus pour apprendre l’état des armes. Le jeune homme se distingua tellement par sa valeur et par la franchise de son caractère, qu’il mérita d’être armé chevalier par le grand Arthus, qui, en cette occasion, lui fit présent d’une superbe armure. Gugemer veut aller chercher des aventures, et avant son départ il fait de riches présents à toutes les personnes de sa connoissance. Il se rend dans la Flandre pour faire ses premières armes, parce que ce pays était presque toujours en guerre. J’ose assurer d’avance qu’à cette époque, on ne pouvoit trouver un meilleur chevalier dans la Lorraine, la Bourgogne, la Gascogne et l’Anjou. Il avoit néanmoins un défaut, c’étoit de n’avoir pas encore songé à aimer. Cependant il n’y avoit ni dame ni demoiselle qui, s’il en eut témoigné le desir, ne se fût fait honneur d’être sa mie ; quoique même plusieurs d’entre elles lui eussent, sur cet objet, fait des