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LAI DE GUGEMER.

pouvoit dormir, s’étoit levée de grand matin. Elle se plaint des souffrances qu’elle endure. Sa nièce qui lui tenoit compagnie, s’aperçut de l’amour que sa tante portoit au chevalier. Elle ignore si ce dernier partage les doux sentiments qu’on a pour lui. Afin de s’en éclaircir, elle profite de l’instant où sa tante étoit à la chapelle, pour interroger Gugemer. À cet effet, elle se rend près de lui. Le chevalier après l’avoir fait asseoir devant le lit, lui demande où étoit sa dame, et pourquoi elle s’étoit levée de si grand matin. Craignant d’avoir commis une indiscrétion, il s’arrête et soupire. Sire chevalier, dit la pucelle, vous aimez et vous avez tort de cacher votre amour ; d’ailleurs il n’y auroit rien que de très-honorable pour vous, si vous obteniez la tendresse de ma tante. Cet amour est parfaitement bien assorti, vous êtes tous deux beaux, aimables et jeunes. Ah ! chère amie, je suis si fortement épris que je deviendrai le plus malheureux des hommes, si je ne suis pas secouru. Conseillez-moi, douce amie, et veuillez m’apprendre ce que je dois espérer. La jeune