Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/28

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recueillement, d’une véritable solitude intellectuelle, autant elle avait peur de la solitude du cœur ; elle ne pouvait même concevoir qu’elle pût vivre sans aimer. Dès sa première jeunesse, elle avait compris que le tout de la vie c’est d’aimer, et qu’aimer c’est faire abnégation de soi, se donner tout entier et ne rien exiger en retour ; elle sentait tout ce que l’on gagne à ne pas vivre sa seule vie égoïste et étroite, mais la vie de plusieurs. « Très vite, j’ai eu des principes, écrit-elle à Flaubert, ne ris pas, des principes d’enfant très candide qui me sont restés à travers tout, à travers Lélia et l’époque romantique, à travers l’amour et le doute, les enthousiasmes et les désenchantements : aimer, se sacrifier, ne se reprendre que quand le sacrifice est nuisible à ceux qui en sont l’objet, et se sacrifier encore dans l’espoir de servir une cause vraie, l’amour. Je ne parle pas ici de la passion personnelle, je parle de