Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/29

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l’amour de la race, du sentiment étendu de l’amour de soi, de l’horreur du moi tout seul. » (1872, Corresp. VI, p. 248.)

Il est souvent arrivé à George Sand de n’avoir auprès d’elle personne qu’elle pût aimer de cette amitié loyale et tendre, personne en qui elle pût, confiante, se reposer joyeusement, et elle s’est alors créé à elle-même un ami idéal, conçu d’après le modèle qu’elle portait dans son cœur : c’est là, plus encore peut-être que la joie qu’elle a toujours sentie à vivre en un monde de rêve, peuplé d’éclatantes et douces visions, ce qui a évoqué en son esprit l’étrange figure de Corambé, ce compagnon fidèle de son enfance solitaire.

Parfois, au contraire, elle a incarné en un homme ou une femme, qui vivait de sa vie, cet idéal d’amitié douce qui l’avait gagnée à lui tout entière, alors qu’elle restait assise durant de longues heures dans la brande parmi