Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/33

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ses yeux elle soit vile, mais c’est parce qu’elle est froide.

On peut se figurer combien la vie dut être, à certaines heures, cruelle pour cette enfant affamée de tendresse, entre sa mère et sa grand’mère. Toutes deux l’aimaient à plein cœur, mais elles ne savaient ni l’une ni l’autre l’aimer comme il l’aurait fallu.

L’amour de sa mère était un amour jaloux et capricieux, tour à tour passionné et oublieux, qui la troublait et ne la satisfaisait point. Mme Dupin avait une âme d’artiste, une âme toujours vibrante, toujours inquiète ; elle jouissait de toutes choses ardemment, mais elle se lassait vite du plaisir, auquel elle se donnait tout entière ; le charme en était épuisé en un instant. Comme le sont d’ordinaire les gens qui n’ont reçu qu’une demi-culture, elle était méfiante et susceptible à l’excès ; elle se blessait de tout, et les torts qu’elle avait le plus de peine à par-