Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/57

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faisait lancer contre Dieu ces violentes imprécations, exhaler vers lui ces plaintes d’une si douce et pénétrante tristesse, ces raisons n’expliquent rien. Sans doute, c’est « la souffrance de la race humaine » qui lui arrache ces cris de désespoir, mais son cœur ne s’est jamais fermé à l’universelle pitié, et il s’est apaisé cependant, et elle a cessé de maudire la mystérieuse destinée de l’homme et de pleurer sur l’inutile douleur de vivre.

Serait-il plus juste cependant de ne voir dans Lélia, l’œuvre la plus personnelle, la plus émouvante peut-être avec l’Histoire de ma vie qu’ait jamais écrite George Sand, qu’un pastiche de la poésie byronnienne ? Elle écrit elle-même à son ami Rollinat, un an après l’apparition de son livre (1834) : « Ce livre si mauvais et si bon, si vrai et si faux, si sérieux et si railleur, est bien certainement le plus profondément, le plus douloureusement, le plus