Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle se maria, et la douleur d’être mal aimée, la douleur plus grande de n’aimer point évoquèrent bien vite en elle, assombries encore, ces rêveries cruelles qui hantaient ses promenades de jeune fille à travers les prés déserts ; elles grandirent dans l’oisiveté de son cœur solitaire.

La vie de Mme Dudevant fut celle même d’Aurore Dupin ; elle ne se lassa point de poursuivre cette tendresse qui lui échappait toujours. Elle ne tarda pas à s’apercevoir que son mari ne se souciait que fort peu d’être tendrement aimé et que la société de ses chiens de chasse lui était plus douce que celle de sa femme. Aurore s’était laissé marier ; elle était fort inerte de volonté et rien n’était plus aisé que de la diriger ; son fiancé du reste ne lui déplaisait pas. Mais, le mariage fait, elle aurait ardemment souhaité d’être une amie pour son mari. Le malheur, c’est qu’il ne le comprit