Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/82

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venirs, p. 43.) Et c’était là l’exacte expression de la vérité : nulle âme ne fut plus que la sienne absente d’elle-même. « Il y a des heures, a-t-elle pu dire, où je me sens herbe, oiseau, cime d’arbre, nuage, eau courante, horizon, couleur, forme, et sensations changeantes, mobiles, infinies. » Ce qu’elle a écrit est, à certains égards, plus impersonnel que les romans de Flaubert et de l’école naturaliste, que la poésie de Théophile Gautier, de Leconte de Lisle et du Parnasse tout entier. Son œuvre n’exprime point, en effet, un aspect de la réalité systématiquement et arbitrairement choisi, elle ne trahit pas une conception d’art spéciale, son esprit n’inflige à ce qu’elle peint nulle déformation particulière et toujours uniforme.

Et cependant, s’il est peu d’écrivains dont l’œuvre soit moins volontaire que celle de George Sand, il en est peu qui y soient aussi constamment présents. Elle ne saurait rester en dehors