Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/84

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entière. C’est à cette absence de parti-pris que tout ce qui est sorti de sa plume doit cette inimitable grâce, ce naturel, cette aisance, cette liberté que nul autre romancier français n’a su retrouver : c’est là sa merveilleuse et rare originalité. Tout en elle vient du dehors : les idées, les images, les caractères des personnages, le cadre où ils se meuvent, tout, sauf ce qui donne à tout cela cette vie étrange et douce qui surprend et qui charme, la sensibilité tendre qui vient du plus profond d’elle-même et l’imagination fantaisiste et romanesque qui combine de mille manières, en se jouant, ces éléments divers qu’elle n’a point choisis, mais acceptés de toutes mains.

La conséquence, c’est que les romans de George Sand ne sont presque jamais composés ; on ne sait pas très bien le plus souvent où elle veut vous mener, mais c’est qu’elle-même ne le sait pas non plus très clairement ; à dire vrai,