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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/102

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LA VILLE CHARNELLE

parmi les huiles somptueuses de la houle
et ses longs soliloques de ventriloque.
Elles paressent en la douce intimité
de leurs enfants, les tout jeunes Navires
mi-vêtus de leurs voiles en loques
ainsi que des gavroches, qui jouent en liesse
avec la balle incandescente du soleil.

Et le parfum vermeil et fertile des Îles
berce leur sommeil d’aïeules vénérables…

Mais parfois, brusquement,
au sourire désenchanté des soirs d’automne,
les grands sacs pleins d’écorces d’oranges desséchées
leur lancent des bouffées de senteurs violettes
dont s’exaspèrent leurs grands dos pétrifiés.

Car les vieilles Forteresses du port
furent jadis de vivantes carènes