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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/116

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LA VILLE CHARNELLE

vers les îles absurdes, à l’infini des mers ! »
La voix d’or empoigna, coup sur coup avec rage,
le cœur fumeux et décrépite de la Ville,
étreignant l’ossature des vieilles Forteresses
et tordant jusqu’au spasme la tresse des cordages.

Puis l’hymne de l’Aurore s’évada sur la ville
parmi la bousculade et l’essor des clochers
et la rébellion des toits et des pignons
insurgés et criards qui donnent l’escalade,
en masse, au vaste cirque des montagnes,
par delà les fiévreux applaudissements
des linges suspendus aux séchoirs des terrasses.

Un écho persista, frissonnant, immobile,
comme une larme rouge dans le silence blanc.

On pressentait déjà au ronron grandissant
de l’atmosphère ardente énervée de lumière