Aller au contenu

Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
LA MORT DES FORTERESSES

que l’appel de l’Aurore allait tonner encore !…
« Pitié, pitié, car ils ne sauront pas
résister à la voix !… »

Et voici, précédé d’un remous nostalgique
le grand cor émouvant fit éclater sa voix
qui s’égrène en mitraille de notes explosives,
répercutées par les échos, frappés au cœur,
bourdonnants et guerriers ainsi que des tambours.

Alors, d’un coup de reins, les Navires brisèrent
leurs amarres tragiques, bondissant en avant,
sur la moire des flots convulsée de regards,
en l’air gonflé d’horreur et d’espoirs élastiques.

Un rêve de folie souriante et vermeille
émut les promontoires accroupis dans la mer,
et leurs contorsions de tigres enchaînés
qui hument dans l’Aurore le vent des libertés !…