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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/118

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LA VILLE CHARNELLE


Un rêve de luxure brutale et de carnage
ensanglanta les sables de la plage
squamés et miroitants tels des peaux de serpents.

Un rêve de suicide absurde et d’aventure
tonna contre le ventre cave des quais sonores,
où le ressac se traîne comme un dogue à la chaîne.

Glorieux, dominateurs, sur les grands perroquets
les drapeaux éloquents, fous de pourpre et d’azur
crièrent pour mieux tordre et dérouler leur envergure
battant fiévreusement des ailes,
tels les oiseaux des îles invoquent leur patrie.

Et d’abord, les Navires sortirent alignés,
brandissant par milliers leurs grands mâts pavoisés,
et déployèrent grandiosement leurs voiles
en tabliers tendus pour la cueille des étoiles.