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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/126

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LA VILLE CHARNELLE

agiles, à la file, sous leurs coiffes balancées,
et le fleuve alanguit sa chanson amoureuse,
las d’avoir traîné tout le jour des lumières…

En piétinant leurs robes de feuillage,
elles entrent, toutes nues, dans l’eau pleine de ciel ;
elles écoutent, voici, un instant bref,
l’onde bruire à leurs genoux de vierges…
Aussitôt, de clairs éclats de rire
fusent dans l’air du soir…
Cependant le Clocher pleurait de désespoir,
dans la pénombre, et des étoiles roulaient
dans sa barbe grisâtre comme des larmes éternelles.

Tout à coup, le Couchant écarlate apparut,
au bout de la vallée, comme un seigneur
vêtu de flamme, sur un cheval d’apothéose !

Les Maisonnettes se turent en roulant de gros yeux…