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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/13

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LA VILLE CHARNELLE

dont la blancheur charnelle affriole ma bouche,
sur ta couche odorante de vergers assoupis
qui fleurent le jasmin, la menthe et le cassis.

Elle sommeille encore nonchalamment assise
offrant son dos aux chaudes caresses de l’Aurore,
dont l’haleine rosée voyage sur les flots
et frise les herbages au sommet des collines.
Elle étire avec grâce un corps nu, mi-voilé
des surabondants cheveux noirs qui l’ennuagent,
en moutonnant sur le versant de son échine
ainsi que les feuillages des jardins suspendus.
Son corps est tout gemmé par la fine rosée
nocturne et la sueur des lentes voluptés
qu’elle a bues longuement aux lèvres des Étoiles.

Tout à coup sur la ligne de l’horizon marin
le grand Soleil mulâtre agite lourdement
sa tête empouacrée de sang et sa tignasse