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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/134

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LA VILLE CHARNELLE

Qui sait ? Quelqu’un là-bas le long du port…
Parmi les cierges blêmes…
Les cierges ingénus pleuraient et souriaient
Comme des enfants qui viennent
Le soir au cimetière
Parmi les tombes noires fleuries de primevères,
De roses rouges et de bleuets ;
Et l’on rêvait, là-bas, au fond des bouges…
— Un soir qu’il faisait brun…

Et l’on rêvait à celles qui sont mortes
Là-bas, on ne sait où, et qui savaient sourire,
Le soir, quand les marins s’en revenaient
Du large et des tempêtes.
Et les vieillards disaient, marmonnant des prières :
« Elles passèrent hier à la tombée du soir
Elles passèrent portant sur la tête leurs urnes
Pleines du sang des crépuscules morts.
Elles passèrent hautaines,