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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/136

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LA VILLE CHARNELLE

Leurs prunelles viraient au large de la mer
Un soir qu’il faisait noir…
Là-bas, au fond des bouges,
Leurs prunelles tanguaient comme des barques lasses
Cherchant l’azur et les espaces…
Comme des vieilles barques humant le ciel
Vaste et l’Océan…
Des barques un peu folles et qui ne veulent pas
Mourir parmi les algues du rivage
Des barques amoureuses des flots et des étoiles.
— Un soir qu’il faisait noir…

Cruellement les girouettes
Vrillaient les ors brunis du nocturne silence,
Et les Vents qui trompettent
Narguaient au loin le râle immense
Des cahutes fumeuses et leur bruit de squelettes
Et leurs pleurs infinis et leurs abois de chiens
Qui luttent contre la houle noire.