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Page:Marinetti - La Ville charnelle, 1908.djvu/142

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LA VILLE CHARNELLE

Des sentiers puérils arabessaient les monts,
Là-haut, où les nuages aux lèvres vermillonnes
Mordillent le soleil comme une nèfle acerbe.

Les pagodes superbes paraissaient suspendues
Aux claires majoliques d’un plafond irréel.
Tels des Chinois pendus par le bout des cheveux.
Sur les toits retroussés et brodés en babouches,
Figés sur une patte ainsi que des consoles,
Les ibis de bois rose portaient les nues au bec.

Des tourbillons de mouches au corselet d’agathe,
Des nimbes de satin aux filigranes bleues,
Chatouillaient le visage immense des Idoles.

Les gongs lourds résonnèrent comme une cloche en feu
Qui tombe sur les dalles d’une citerne vide ;
Les gonds lourds résonnèrent
Au fond des cours humides